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Rêve d’école ou école de rêve ?

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant » d’une école idéale. Je ne pense pas pour autant que la perfection soit possible et même souhaitable dans l’éducation, mais le monde qui nous entoure fait tourner la tête, pas toujours dans le bon sens, alors faisons le vœu d’une école différente ; une école qui aidera chacun à avancer, sereinement et généreusement, dans le tourbillon de la vie.

Pour être moi-même enseignante, je sais à quel point le décalage entre ce que l’enseignant vise et la réalité des contingences matérielles peut être criant.

Côté prof, on est souvent dépassé par le nombre de bulletins à remplir, de croix à mettre dans des cases, de copies à corriger…Imaginez un peu, une réunion parent/professeur banale équivaut parfois pour un enseignant du secondaire à discuter 5 minutes avec 30 ou 40 familles différentes dans la même soirée ! Pas facile de ne pas se mélanger les pinceaux et là, je ne parle même pas du volet pédagogique du métier…

Difficile quand on est pris par une infinité de petits détails qui se multiplient comme des pains et des poissons, de construire en conscience une école qui donne accès à l’essentiel. Perdues dans la nécessité d’inculquer en même temps aux enfants les tables de multiplication, les conjugaisons, les règles d’orthographe, les règles de base du savoir-vivre ensemble, etc…combien d’institutrices se perdent, se noient et de ce fait noient aussi les élèves ?

Côté élève, l’école est trop souvent, hélas, le lieu du manque de lien : pourquoi faire une dictée ? Quel est l’intérêt de faire des exercices de grammaire « hors sol » ? Quelle efficience pour des exercices de mathématiques qui se font uniquement sur papier et qui négligent complètement l’aspect pratique, concret ? Que dire des leçons à apprendre par cœur à la maison ? Et des heures et des heures passées en classe sans que rien ne déclenche l’envie chez les enfants ?

 

Une école idéale, donc, pour l’enseignant d’une part et pour l’élève aussi !

Une école idéale serait une école qui s’adapte au monde d’aujourd’hui, au défi du monde d’aujourd’hui où le savoir est pluriel et où tout va très vite. L’école, avec ses tables en ligne, son tableau noir et son prof qui sait pendant que les élèves recopient avant le couperet du contrôle de connaissance, correspond à un temps où l’accès aux savoirs était  différent.

 

Co-Construction

L’école idéale est une école qui donne à l’enfant les outils pour co-construire ses apprentissages. Pas besoin d’être adulte pour savoir ce qu’on veut faire. Les enfants, même petits, doivent avoir le droit de décider par eux-mêmes. C’est un atout formidable que l’on donne aux enfants dès lors que l’école leur permet de s’entraîner à la responsabilité, à l’autonomie et à la coopération :

– je suis responsable de mes apprentissages,

– je suis responsable de mon comportement en classe (on ne force pas l’enfant à rester immobile et muet la plupart du temps, obligé de prendre la parole à d’autres…étrangement, quand on respecte ce principe de base, la discipline en devenant autodiscipline s’invite en classe !),

– je peux choisir par moi-même la façon dont je souhaite aborder tel ou tel apprentissage (besoin de manipulation, besoin de lire le concept en premier, besoin de s’inscrire dans une démarche de questionnement-expérimentation, besoin du regard d’un adulte, besoin d’être debout, besoin de travailler au sol (et oui, on néglige si souvent cet aspect si basique : chacun a un rapport au corps et à l’espace qui lui est propre. Si un enfant apprend mieux debout avec une balle dans la main, pourquoi le forcer à rester assis et immobile ?).

– je peux demander à travailler avec d’autres élèves ou je peux travailler seul,

– je peux proposer à d’autres élèves d’apprendre ce que j’ai moi-même découvert,

– je peux apprendre des autres élèves ce qu’ils ont découvert,

– je peux approfondir mes apprentissages si j’ai envie d’aller plus loin,

-je peux initier des recherches avec différents outils (expérimenter, se documenter, s’adresser à un expert…)

– je peux tâtonner, hésiter, prendre le temps nécessaire (aller vite ou aller lentement),

– je peux me tromper, je peux apprendre de mes erreurs.

– je suis invité à développer ma créativité (l’expression artistique est encouragée, de nombreux projets concrets avec manipulations concrètes sont initiés, etc…).

 

Le cadre

La motivation d’un enfant ne vient pas par un coup de baguette magique. Pour que l’enfant (et c’est vrai aussi pour l’adulte) s’intéresse à de nouveaux domaines, se découvre l’envie d’aller plus loin et développe de réelles qualités de curiosité, il faut que le terrain soit adapté.

– L’école est ouverte sur le monde extérieur (visites hors les murs, invités dans l’école, implication des parents…) : rien de plus efficace pour créer l’envie et la motivation que de nourrir culturellement, scientifiquement, artistiquement, humainement les enfants avec du concret et de l’humain ! Nourrir les enfants avec des contenus exigeants, voilà le secret : que celui qui ne s’est jamais surpris à s’enthousiasmer pour un nouveau sujet bien amené, bien présenté, se lève ! « Contenu exigeant » peut aussi vouloir dire nouvel intervenant. La maîtresse ne saura peut-être pas faire adhérer les enfants à un projet sur les abeilles aussi bien qu’un apiculteur passionné qui viendrait dans la classe…

– L’école  propose un cadre respectueux aux enfants comme aux adultes (bienveillance, communication, accueil…) Inutile de revenir ici sur les dérives de la violence éducative ordinaire présente dans la grande majorité des structures qui accueillent des enfants (ou des adultes).

– L’école est multi-âge, les apprentissages sont donc décloisonnés tant au niveau du programme que de l’interdisciplinarité. Et la richesse des échanges peut se faire. On sort d’une logique de compétition induite de façon implicite par l’école, à une logique de coopération et de respect de la différence. Chacun son rythme. Pas de comparaison.

– Le cadre de l’école est beau et chacun en prend soin, enfants et parents.

– Les enfants participent aux décisions d’orientation (thèmes du trimestre, projets collectifs, sorties…).

– La journée est rythmée et ritualisée.

Chaque enfant a un « plan de travail », une sorte de feuille de route qui lui indique, pour une période donnée, ce qu’il doit découvrir, expérimenter et faire avant de s’entraîner pour ancrer les apprentissages.

Le système de « plan de travail » alterne avec des temps de regroupement où les élèves travaillent sur d’autres projets en groupe plus large.

Le « plan de travail » implique une approche individualisée des apprentissages, ce que l’on nomme la pédagogie différenciée. L’enseignant adapte le plan de travail à chaque enfant.

– L’emploi du temps intègre un apprentissage de l’anglais avec 2 heures quotidiennes  dispensées dans la langue pour un apprentissage immersif de l’anglais.

– L’emploi du temps intègre des regroupements, temps d’échange et de parole où les enfants (et les adultes) apprennent à s’écouter et à chercher ensemble des réponses aux problèmes qui se posent. Dans le cadre d’Ateliers d’Education à la Paix, ces temps sont également l’occasion de développer chez les enfants une meilleure écoute de soi et des autres notamment grâce à l’apprentissage et à la pratique de la CNV (Communication Non Violente).

 

Les Pédagogies

Les pédagogies appliquées dans l’école sont ouvertes sur différents courants : d’inspiration Freinet, il s’agit avant tout d’apprendre avec les pédagogies coopératives. Certaines approches Montessori sont privilégiées (le cadre, le multi-âge, les matériels, la théorie des périodes sensibles…). Mais c’est avant tout la posture de l’enseignant qui est à la base de la proposition pédagogique :

Pour être en adéquation avec le monde d’aujourd’hui, l’enfant doit apprendre à faire le tri entre une information, une croyance, une rumeur. La posture de l’enseignant vise donc à laisser l’enfant  découvrir les connaissances et encourage le travail en coopération.

L’enseignant veille aussi scrupuleusement à l’intégration des connaissances. C’est une chose de découvrir par soi-même. Il faut aussi s’assurer que les découvertes deviennent du savoir.

Les apprentissages ne sont pas sanctionnés par une notation. Mais grâce au « plan de travail » et au suivi personnalisé des apprentissages, l’enseignant sait à quel stade se trouve l’enfant.

Dans une approche qui met réellement l’enfant au cœur du processus d’apprentissage, l’enfant sait également mesurer le chemin parcouru et celui qui reste à parcourir. On développe chez l’enfant la métacognition, c’est-à-dire la capacité à savoir où il en est dans son travail, à mieux comprendre comment il apprend et dans quel but. C’est un outil extraordinaire qui est mis entre les mains des enfants pour aujourd’hui et pour leur avenir.

Le programme de l’Education Nationale est respecté. Les adultes se forment et travaillent ensemble pour créer leurs progressions annuelles (=projet d’apprentissage sur l’année) car si l’on veut créer de la coopération dans l’école, il faut commencer par les maîtres eux-mêmes !

 

Le projet pédagogique

L’école suit le projet pédagogique de l’établissement qui en dessine les orientations essentielles :

Côté élève :

– élève chercheur, co-construction des savoirs, autonomie, responsabilité, multi-âge.

– créativité, curiosité, motivation, dynamisme.

– générosité, partage, relation à l’autre, accueil de la différence.

– bilinguisme

Côté adultes

– empathie, bienveillance, écoute, ouverture d’esprit.

– expertise pédagogique, formation continue, travail en équipe, curiosité.

– bilinguisme et richesses des propositions pédagogiques.

 

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